Paye pas ton gynéco 💸
Ce mois-ci on fait le point ! D'abord, qu'avons-nous fait de l'argent gagné grâce à la Boutique de ma chatte ? Vous saurez tout grâce au magnifique schéma ci-dessous. Britney vous raconte l'intervention des géniales Lucie Ronfaut et Marion Coville au festival Futur·e·s à propos de menstrues et de technologies. Aukan revient sur la table ronde à laquelle elle a participé sur les enjeux de la mobilisation en ligne pour Les Aliennes. Et puisque c'est les vacances, je vous conseille de prendre vingt minutes pour regarder Paye (pas) ton gynéco, le documentaire de Nina Faure. Pour la Newsletter de ma chatte, elle a bien voulu répondre à quelques questions. Bonne lecture !
Utilisation des bénéfices de la Boutique de ma chatte
Par Cluclu
Le RGPD de ma chatte
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Promis, juré, craché, on ne fait rien de louche avec vos données et on ne les partage avec personne. On vous rappelle toutefois que si vous le souhaitez, vous pouvez vous désabonner à tout moment de la newsletter en cliquant sur Désinscrivez-vous tout en bas de chaque mail.
Paye (pas) ton gynéco
Par Cluny
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J'ai rencontré Nina lors d'une soirée organisée par Pour une M.E.U.F et j'ai d'abord été absolument séduite par son sens de la répartie. C'est une qualité qu'on retrouve dans son documentaire Paye (pas) ton gynéco, sur la maltraitance gynécologique. C'est surtout une qualité qu'on devine indispensable face aux gynécologues qui se plaignent d'être injustement dénigrés ou expliquent doctement que non, le toucher vaginal n'est pas un acte invasif. Paye (pas) ton gynéco a le mérite de mettre en lumière à la fois les violences que subissent les patient·e·s en gynécologie et la banalisation qu'en font les médecins. Nina a bien voulu nous raconter en quelques mots son travail.
Vous pouvez encore participer au financement du court-métrage ici.
EST-CE QUE TU PEUX NOUS PARLER RAPIDEMENT DE TON TRAVAIL ET DE TES PROJETS PRÉCÉDENTS/PARALLÈLES ?
Je suis réalisatrice de documentaires. Je prépare actuellement un long-métrage sur le plaisir féminin et je fais partie du collectif qui actualise Notre corps, nous-mêmes, un manuel féministe historique. J’ai réalisé plusieurs courts-métrages sur le travail précaire (Rien à foutre, Dans la boîte), et je travaille avec l’équipe de Pierre Carles, Annie Gonzalez et C-P Productions depuis plusieurs années. Nous avons notamment réalisé Hollande, DSK, etc. un film sur le traitement médiatique de la campagne présidentielle de 2012, et Opération Correa 1 et 2, une série documentaire dans laquelle nous cherchions en Équateur la possibilité d’une alternative au libéralisme.
EST-CE QU'IL Y A UN ÉLÉMENT DÉCLENCHEUR À TON ENVIE DE FAIRE CE TRAVAIL SUR LA GYNÉCOLOGIE ?
Mon gynéco me sortait souvent des énormités, dont une des pires a été de me dire que si j’avais souvent des mycoses, ce devait être lié à la taille du sexe de mon partenaire et que je n’avais qu’à sortir avec un asiatique (véridique). C’est le même qui a maltraité ma colocataire quelque temps plus tard, comme c’est raconté dans le film. Aussi, quand est sorti le #payetonuterus et que des milliers de femmes, hétérosexuelles, lesbiennes, de personnes trans ont pris la parole à propos des remarques déplacées, des gestes brusques et des agressions subies, j’ai pris conscience de l’ampleur du problème. En fait ce n’est pas qu’une question d’individu, il y a une construction systémique qui autorise la maltraitance, la violence et le mépris de la douleur des femmes.
C’est ce cheminement personnel que j’ai eu envie de retranscrire dans le film, à partir de mon expérience de patiente, justement pour inverser le point de vue. J’ai voulu aller interviewer les représentants des gynécologues pour savoir ce qu’ils comptaient faire pour que les violences s’arrêtent (spoiler : rien).
QUELLE SUITE TU IMAGINES AU DOCUMENTAIRE QUE TU AS DÉJÀ MIS EN LIGNE ?
Qu’il amène des éléments dans le débat avec la sortie du rapport du Haut Conseil à l’Egalité femmes-hommes sur les violences gynécologiques ;
Qu’il mette des images sur des choses qu’on n'a pas l’habitude de voir ;
Qu’il soit un point de départ à un travail approfondi sur les alternatives en gynécologie et les « bonnes pratiques », ainsi que sur l’héritage patriarcal de la médecine ;
Et que des gens qui défendent les agresseurs sexuels ne puissent pas être présidents d’organisations de gynécologues, comme c’est le cas actuellement et comme nous le montrons dans le documentaire.
Retour sur la Menstrutech
Par Britney Fierce
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Le 21 juin dernier, la journaliste Lucie Ronfaut et la chercheuse Marion Coville étaient au festival Futur.e.s à Paris pour discuter des enjeux de la Menstrutech - nom qu’a donné Lucie aux technologies liées aux règles et au cycle menstruel. Si la situation n’a pas beaucoup changé depuis l’état des lieux qu’elle en avait fait pour la newsletter il y a quelques mois (relire son article), la conférence a permis de mettre le doigt sur deux problématiques complémentaires.
La première, c’est celle des données personnelles : si elles sont en général anonymisées à des fins de recherche scientifique et médicale (comme le fait par exemple Clue), on ne sait toujours pas vraiment comment elles sont utilisées ni quels sont les algorithmes employés pour prédire notre cycle. Quand elle a voulu récupérer les données qu’elle avait fournies à ces apps pour tenter de les analyser elle-même, Marion s’est rendu compte qu’il était impossible de les télécharger (sous forme de fichier .csv par exemple) : on fournit des informations sur son cycle gratuitement pour la recherche mais il est tout simplement impossible de se les approprier.
Le deuxième problème soulevé par Lucie et Marion est directement lié au premier : ce sont donc les utilisatrices qui fournissent des données pour la recherche médicale, mais qui sont-elles ? Bingo : des personnes qui utilisent un smartphone, soit une population plutôt vingtenaire et trentenaire, privilégiée et résidant dans des pays riches. De plus, la plupart des apps de suivi de cycle menstruel sont très hétéronormées - il suffit de regarder les conseils sexo qui y sont promulgués. Le cadre imposé par ces applications est donc assez rigide et ne permet en général pas non plus de tracker des cycles irréguliers ou des douleurs telles que celles qui peuvent être provoquées par une endométriose, qui sont loin de se limiter à l’utérus. La conséquence de tout ça, c’est que les données issues de ces apps sont très orientées, et on est en droit de se demander quelles conséquences cela aura sur la recherche dans les années à venir.
Préoccupé.e.s par ces questions, certain.e.s développeur.se.s travaillent sur des applications de suivi de cycle plus transparentes et open source. C’est par exemple le cas de Periodical, dont le code est disponible sous licence libre sur GitHub et que l’on peut réutiliser et modifier à loisir. À nous de jouer !
Comment militer en ligne et concrétiser l'action sur le terrain ? Retour sur la table ronde du festival Les Aliennes
Par Aukan
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Il y a bientôt deux mois, j'ai eu la chance de participer à une table ronde dans le cadre du festival "Les Aliennes 3.0 : call to action" en collaboration avec Deuxième Page. Cette rencontre avait pour sujet "Comment militer en ligne et concrétiser l’action sur le terrain ?" et rassemblait pour l'occasion Wendie Zahibo (Reines Des Temps Modernes), Audrey Warrington (Badassmaman), Laure Salmona (collectif Féministes contre le cyberharcèlement), Daria Marx (blog, Gras Politique), Jennifer Padjemi et Mélody Thomas (What's Good Newsletter).
Autant vous dire que ce débat fut riche en réflexion, notamment sur comment mettre en pratique l'organisation d'événements hors ligne, comment envisager et atteindre différents publics, quels moyens techniques et stratégies utiliser pour faire entendre son discours (via l'utilisation de différents médiums comme les blogs, les podcasts, les newsletters ou les vidéos), et enfin les conseils à donner aux futures générations qui souhaiteraient se lancer dans le militantisme sur internet ou sur le terrain. Je vous partagerais bien plus de cette expérience, mais le mieux sera de vous montrer la vidéo du débat qui a été filmé et enregistré par nos amies des Aliennes (dans une future newsletter sans doute !).
Prochains ateliers d'auto-examen
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Les ateliers de partage de savoirs et d’auto-observation des organes génitaux (vulves, vagin et col de l’utérus) que nous proposons se déroulent en deux temps :
1. échange autour de nos connaissances anatomiques à l’aide de supports variés (images, vidéos, modèle 3D) ;
2. auto-observation à l’aide de miroir +/- spéculum pour qui le souhaite.
Prochaines dates :
- dimanche 26 août de 15h à 19h (Paris 13)
- jeudi 6 septembre de 19h à 23h (Paris 20)