Le journal de ta chatte 🎥
L'édito de Cluclu
Au cours de la rédaction des newsletters, au sein parfois d’un même article, notre manière de nous adresser à vous, ou de désigner les personnes ayant affaire à la gynécologie varie : parfois en utilisant le point médian ou le E accentué, parfois en féminisant l’ensemble du vocabulaire ou encore en usant d'un vocabulaire neutre. Nos choix, nous en sommes sûres, sont critiquables et nous souhaitons avant toute chose être en mesure de recevoir ces critiques. N’hésitez pas à nous interpeller si vous êtes gênéEs, blesséEs, voire carrément furieux ou furieuses.
En général ces choix grammaticaux répondent à notre volonté de poursuivre deux objectifs :
- Nous souhaitons que les personnes qui ne sont pas des femmes mais qui sont concernées par la gynécologie puissent s’approprier le contenu que nous proposons. Il s’agit notamment de certains hommes trans, de personnes intersexes ou non-binaires. Le Collectif Intersexes et AlliéEs et l’association OUTrans, comme bien d’autres, ont mis en avant la difficulté pour ces personnes à accéder à des soins, notamment gynécologiques. La réappropriation des savoirs médicaux semble alors une urgence et ce serait une erreur de ne pas en tenir compte dans notre engagement. Nous avons conscience que cela passera à la fois par une écriture inclusive mais aussi en proposant des ressources variées et en accueillant la parole des personnes concernées.
- Nous sommes un collectif féministe et au cœur de notre engagement, il y a le constat d’un traitement sexiste de la santé des femmes, une objectification des corps et une mainmise sur leurs droits reproductifs. Nous ne souhaitons pas que l’écriture inclusive en vienne à invisibiliser les femmes et les discriminations qu’elles subissent “en tant que femmes”.
Ainsi, pour prendre un exemple concret, si nous diffusons des informations concrètes sur l’IVG et les personnes qui y ont recours, nous pourrons choisir une écriture non-genrée. En revanche, s’il s’agit d’une analyse plus politique de l’accès à l’avortement, la lutte pour le droit à l’IVG, il nous faudra mettre en avant que c’est, selon nous, parce que ce sont les femmes qui y ont recours que l’IVG est menacé.
Évidemment nous ne sommes pas à l’abri non plus de négligences, ou de changer d’avis radicalement sur la question. Nous espérons en tout cas que cette explication permettra éventuellement d’ouvrir le dialogue si certains choix vous interpellent.
DANS CE NUMÉRO :
1. Le Journal de ta chatte
2. Retour sur notre soirée d'anniversaire
3. Spéculum, la gynécologie sur les planches
4. Le Corps des femmes, Camille Froidevaux-Metterie
5. Revue de presse et agenda
Le Journal de ta chatte
La première vidéo du Journal de ta chatte est disponible sur YouTube ! Zora et Salomé nous parlent du Syndrome des Ovaires Poly-Kystiques (SOPK). Être très poilue et ne pas avoir de règles, c'est une maladie ? Pourquoi est-il si difficile d'obtenir un traitement adapté à nos plaintes ? Des réponses et plein d'autres questions soulevées dans cet entretien !
C'est quoi, le S.O.P.K ? C'est une maladie endocrinienne qui touche à la production de différentes hormones dans le corps, notamment la LH et la FSH, et qui entraîne en général un taux de testostérone élevé et une résistance à l'insuline. Les effets sont nombreux et variables selon les individus, en nombre et en intensité. En général, on observe :
- des microkystes au niveau des ovaires (ce sont des follicules qui ne sont pas arrivés à maturation) ;
- des ovulations irrégulières ou absentes, avec des cycles très longs, une pilosité importante, habituellement associée à une physiologie dite masculine (intérieur des cuisses, visage, dos), de l'acné, la perte des cheveux (liée au taux élevé de testostérone) ;
- une prise de poids et/ou une difficulté à prendre du poids (liées à la résistance à l'insuline).
Si vous présentez ces signes, vous pouvez en discuter avec votre médecin, qui peut vous prescrire différents examens pour confirmer le diagnostic : une échographie du bassin pour observer la présence des kystes ovariens et une prise de sang pour mesurer les taux d'hormones.
Pour jouer au Twine de Zora mentionné dans la vidéo, c'est ici.
Pour en apprendre plus sur le S.O.P.K, les conseils de Salomé et Zora :
- PCOS for Dummies
- Le compte Instagram QPCOS
- PCOS Workbook
- 8 Steps to reverse your PCOS
- PCOS: The Dietitian's Guide
Et pour ne pas rater les prochaines vidéos, abonnez-vous :)
--
À ce sujet, pour une future vidéo, nous cherchons des personnes qui sont ménopauséEs, écrivez-nous : cluny@lesflux.fr.
—
Cluny et Lisa
Retour sur notre soirée d'anniversaire
Nous avons été très touchées de vous voir déferler en nombre à la Mutinerie le 17 janvier dernier pour fêter les 2 ans de la newsletter. Au nom de toute l'équipe, on voulait vous remercier d'avoir été attentifs et attentives pendant la diffusion de la vidéo, d'avoir joué au quiz avec entrain, d'avoir acheté des produits de la boutique pour nous aider à financer nos actions et d'avoir dévoré nos cookies en forme de vulve. On vous laisse avec une vidéo de la soirée réalisée par Sarah, dont la chaîne YouTube évoque Paris, l'écologie ou encore... les règles (abonnez-vous !) et on a hâte de vous retrouver lors d'un atelier ou d'une prochaine soirée !
Si vous n'avez pas pu venir ou que vous avez envie de mesurer les connaissances menstruelles de vos amiEs, voici le lien du quiz !
Merci à la Mutinerie pour son accueil, à Sarah pour la vidéo, à Simoné pour les photos, à Annie et Alyx pour les cookies et à toutes les personnes qui ont contribué de près ou de loin à cette soirée.
—
Britney, Cluny, Chloé, Aukan et Lisa
Spéculum, la gynécologie sur les planches
Bien qu'ils se comptent sur les doigts d'une main, les spectacles féministes qui abordent le corps des femmes semblent se démocratiser. À Paris, tandis qu'on assiste aux dernières représentations au Théâtre du Rond-Point des Secrets d'un gainage efficace, la pièce Spéculum fait son entrée en scène. Écrite et interprétée par les trois comédiennes Delphine Biard, Flore Grimaud et Caroline Sahuquet, on sent que la pièce est issue d'un engagement personnel et d'un travail de recherche. Du politique à l'expérience intime, de l'autre vers soi, du rire aux larmes, le balancement rythme parfaitement le spectacle. Je vous encourage vivement à aller le voir et à promouvoir sa programmation partout en France !
Spéculum, Théâtre de la Manufacture des Abbesses, à Paris, du 2 janvier au 16 février.
Les mercredis, jeudis, vendredis et samedis à 19h.
—
Cluny
Le Corps des femmes de Camille Froidevaux-Metterie
J’avais un vague souvenir de la sortie du livre de Camille Froidevaux-Metterie La Révolution du féminin en 2015, à travers les échos portés par la presse. De la confusion, j’étais passée à l’agacement car j’avais le sentiment que l'autrice faisait un mauvais procès au féminisme. Le Corps des femmes (et la lecture effective du livre, plutôt que de me contenter des apparitions médiatiques, il faut le dire) a le premier mérite de dissiper ce malentendu. Camille Froidevaux-Metterie n’est pas une ennemie politique, son analyse est riche, nuancée et tout à fait émancipatrice. Le corps des femmes est une compilation de courts textes déjà publiés par l’autrice et repris ici pour “tracer les contours des corps féminins contemporains”. IVG, PMA, règles, ménopause, l’ouvrage offre un panorama étendu des enjeux féministes autour du corps et de la procréation. Au cours de ma lecture, j’ai souvent trouvé des arguments solides et qui résonnent avec mes propres engagements. J’ai aussi compris où se situait notre divergence d’opinion. Camille Froidevaux-Metterie propose d’examiner l’expérience corporelle des femmes en postulant que c’est leurs corps qui les fait femmes, quant à moi, je suis plus sensible aux analyses qui font de l’expérience de la domination masculine la condition féminine. Au-delà du désaccord, il faut constater que nos préoccupations se rejoignent et la conclusion de l’ouvrage finit de me rassurer : “Je continuerai à me demander ce que signifie le fait de vivre dans un corps féminin au sein d’une société qui remet en cause les assignations genrées tout en produisant sans cesse de nouvelles normes. Non pas pour réduire les femmes à leurs corps mais tout à l’inverse pour souligner la possibilité d’une émancipation qui passe par l’appropriation de nos corps et montrer que ceux-ci nous appartiennent jusqu’au plus intime de nous-mêmes.”
Camille Froidevaux-Metterie, Le Corps des femmes, Philo Magazine, 14,90€
—
Cluny
Revue de presse et agenda
Madame Ovary
Un compte Instagram pour suivre le parcours d'une donneuse d'ovocytes : c'est par ici.
Paye (pas) ton gynéco - Save the date
Le 22 février, on organise avec Quoi de meuf la projection du film Paye (pas) ton gynéco en présence de sa réalisatrice Nina Faure ! Plus d'infos à venir sur les réseaux sociaux.
Crise de la mortalité maternelle aux USA
Les États-Unis sont un des seuls pays où le taux de mortalité maternelle est en hausse, et les femmes noires y sont 2,6 fois plus susceptibles de mourir de complications que les femmes blanches. National Geographic se penche sur la question ce mois-ci. Pour un article en français sur le sujet, vous pouvez consulter cet article de Libé d'avril dernier.