La newsletter de ma chatte fusionne avec... 💥
Ce mois-ci, nous avons une super nouvelle à vous annoncer : la fusion de notre newsletter avec celle de Cyclique. Vous connaissez forcément déjà Cyclique, la plateforme queer et inclusive dédiée au cycle menstruel, et son festival Sang Rancune ! Nous avons décidé de réunir nos forces éditoriales pour vous proposer un contenu riche et, on l’espère, plus régulier. Si vous êtes déjà abonné.e à la Newsletter de ma chatte, rien ne change pour vous. Bienvenue aux petites nouvelles et nouveaux !
Dans cette toute première édition Les Flux x Cyclique, nous vous proposons un article d’Eva-Luna sur l’avortement par prise de médicaments, un point sur les différents endroits où recourir à l’IVG, des numéros verts toujours ouverts pendant le confinement et un atelier d’auto-observation en ligne ! Vous n’échapperez pas non plus à une petite sélection de podcasts appréciés ces derniers mois et une revue de presse :)
Bonne lecture !
Revue de presse
Photo © Joanna Helena
Fin octobre et début novembre, de grandes manifestations pour le droit à l’avortement, menacé par un projet de loi liberticide, ont secoué la Pologne. Des retours en images sont disponibles ici et là.
Avoir ses règles, des convictions écologiques et peu de moyens : le dilemme des étudiant.e.s, dans Le Monde.
Lorient, le territoire sinistré de la gynécologie. Dans quelques mois, sur les six gynécologues basé.e.s sur le territoire breton, trois seront parti.e.s à la retraite. Personne ne viendra les remplacer, et celleux qui auront besoin de soin devront soit sortir du territoire, soit prendre leur mal en patience en attendant un rendez-vous dans plusieurs mois.
Sur son blog, Marie-Hélène Lahaye explique point par point comment porter plainte pour violences obstétricales.
Confinement, rebelote
Malgré le confinement, de nombreuses associations et services sont ouverts et disponibles.
Violences Femmes Infos 3919
Viols Femmes Infos 0 800 05 95 95
Enfance en danger 119
Allo Parents Bébé 0800 00 3456
Numéro vert du Planning Familial 0800 08 11 11
Protection des mineurs sur Internet et lutte contre le cyber-harcèlement 0800 200 000
En cas de besoin, même si vous estimez que ce n’est pas urgent, n’hésitez pas à contacter les professionel.le.s de santé qui vous accompagnent habituellement.
IVG médicamenteuse : à qui s’adresser ?
À noter : l’avortement par médicaments peut se pratiquer à la maison, après consultation d’un.e soignant.e, jusqu’à la fin de la 5e semaine de grossesse, c’est-à-dire au maximum 7 semaines après le début des dernières règles. Si la personne est hospitalisée, la date limite est à 7 semaines de grossesse (9 semaines d’aménorrhée). En ce moment, afin de limiter les hospitalisations sans restreindre l’accès à l’avortement, le délai pour une IVG médicamenteuse hors établissement de santé est étendu à 7 semaines de grossesse également (9 semaines d’aménorrhée).
On peut consulter un.e soignant.e “en ville”, hors d’un établissement de santé et bénéficier d’une IVG médicamenteuse jusqu’à la 5e semaine de grossesse (7 semaines d’aménorrhée).
Les médecins généralistes, les sages-femmes et les gynécologues en libéral sont en mesure de proposer une IVG par voie médicamenteuse lorsqu’ils ont passé une convention.
Vous pouvez également vous rendre dans un centre de santé (à Paris ils sont nombreux et peuvent être gérés par la mairie ou une association ou encore une mutuelle par exemple), qui sont par ailleurs les seules structures de ville à proposer également des IVG par aspiration sous anesthésie locale.
Enfin vous pourrez vous rendre dans un centre de planification et d’éducation familiale (CPEF). Ici, il y a une distinction importante à faire ! Les Centres de Planification ont été créés après la dépénalisation de la contraception en 1967, après la légalisation de l’avortement en 1975, ils ont également commencé à fournir ce genre de service. Ce sont des structures médico-sociales, départementales. Les CPEF peuvent êtes gérés directement par le département ou par une association comme le Mouvement Français du Planning Familial. Le MFPF (parfois on dit simplement le Planning Familial) est une association qui, en plus de fournir un accès à l’IVG et à la contraception pour toustes, lutte pour la préservation et l’évolution des droits reproductifs en France. C’est, à la base, un mouvement créé en 1956 pour faire changer la loi de 1920 qui pénalisait la contraception et l’avortement.
On peut également se rendre dans un établissement de santé (à l’hôpital). Ces établissements sont en mesure de vous proposer des IVG médicamenteuses jusqu’à la 7e semaine de grossesse (9 semaines d’aménorrhée).
Soit au sein d’un service de gynécologie obstétrique
Soit au sein d’un centre d’orthogénie ou centre d’IVG (CIVG), unité dédiée. Ils ont parfois aussi la casquette de centre de planification familiale hospitaliers, ce qui leur permet également d’assurer un accès à la contraception de manière anonyme et gratuite.
Le site qui recense les endroits où bénéficier d’une IVG, que ce soit en libéral, en centre ou à l’hôpital : ivglesadresses.org !
Comment avorter chez moi ?
Alors, tu as décidé d’avorter. Tu as prévu un rendez-vous avec un·e médecin·e généraliste, un·e gynécologue ou un.e sage-femme, et tu ne sais pas ce qui t’attend. Je vais essayer de te guider dans le processus.
En France, dès le premier rendez-vous, lae soignant·e que tu as décidé de consulter est tenu·e, si tu le souhaites (et à condition qu’iel ne fasse pas usage de cette foutue clause de conscience), de te donner immédiatement une pilule qui s’appelle le mifépristone (Mifégyne). Ceci exclut les personnes mineures, qui sont tenues à 48h de réflexion. Le mifépristone est une molécule stéroïde, qui agit comme une anti progestérone et va arrêter la grossesse. La dose recommandée par la Haute Autorité de Santé est de 600 mg, soit trois comprimés de 200 mg. Normalement tu le prends dans le centre, mais tu peux aussi le prendre chez toi.
36 à 48h après la première prise, chez toi (ou chez un·e proche), tu vas prendre une deuxième molécule, le misoprostol (Gymiso). C’est une molécule qui agit comme la prostaglandine et qui va donc provoquer les contractions qui vont expulser le fœtus. La dose recommandée en France est de 400 mg, soit deux comprimés. Tu les laisses fondre trente minutes dans ta bouche, et ensuite tu avales ce qui reste.
Les contractions vont commencer entre trente minutes et trois heures après l’ingestion de misoprostol (si ce n’est pas le cas, contacte taon soignant·e). Elles vont être plus douloureuses et plus intenses que celles auxquelles tu es habitué·e pendant les règles, car il y a quelque chose en plus à expulser dans ton utérus. Prévois ta journée pour t’y consacrer, et si tu en ressens le besoin, n’hésite pas à demander à un·e proche d’être avec toi pendant le processus (même pendant le confinement, c’est un motif impérieux).
Pour éviter une infection, n’utilise pas une cup ou un tampon mais des serviettes avec une grosse absorption. En plus, ça te permet si tu veux de checker si le fœtus est parti, car tu peux le voir à l’œil nu : à la sixième semaine d’absence de règles, il fait la taille d’un petit grain de riz, à la huitième semaine, celle d’un haricot. Entre la dixième et la douzième semaine, il fait entre trois et huit centimètres.
Qu’est-ce que je fais pour que ça se passe le mieux possible ?
Le misoprostol peut avoir des effets secondaires peu agréables comme la nausée, des vomissements, la tête qui tourne, la diarrhée, un mal de tête, et même une fièvre ou des sueurs froides. Tu peux prendre un Ibuprofen ou des médicaments contre la nausée, qui n'interagissent pas mal avec le misoprostol. Hydrate-toi, et mange si tu en as envie.
N’hésite pas à prendre toutes les précautions dont tu as besoin pour te détendre et te faire du bien quand tu as tes règles : te mettre au lit, utiliser une bouillotte, regarder une série. Ton corps est en train de faire quelque chose qui requiert beaucoup d’énergie, donc ne te sens pas obligé·e d’être productive aujourd’hui.
Cette méthode et cette quantité de misoprostol et de mifépristone sont efficaces dans 95 % des cas. Toutefois, et dans des cas très rares, quelque chose peut mal se passer. D’après l’International Women’s Health Coalition, contacte taon soignant·e si tu fais l’expérience de :
saignements très abondants (remplissage de plus de deux serviettes hygiéniques larges et épaisses chaque heure pendant plus de deux heures consécutives) ou, au contraire, des saignements très faibles ;
saignements continus pendant plusieurs jours provoquant des vertiges ou des étourdissements ;
saignements qui s’arrêtent, mais suivis deux semaines après ou plus tard de saignements extrêmement abondants, ce qui pourrait nécessiter une aspiration manuelle ou un curetage ;
frissons et d’une fièvre durant plus de 24 heures après la dernière dose de misoprostol, ce qui suggère qu’une infection peut être présente, ce qui nécessite, dans ce cas, un traitement avec des antibiotiques ;
une douleur abdominale sévère qui dure plus de 24 heures après la dernière dose de misoprostol.
Illustration @f.a.n.g.s.o.u.t
Et après ?
Ne mets rien dans ton vagin pendant cinq jours (tampon/cup, pénis, doigt, jouet), et évite les activités physiques trop intenses. Il est normal de saigner comme si tu avais tes règles pendant quelques jours après la prise de misoprostol.
En France, tu es supposé·e faire une visite de contrôle entre 14 et 21 jours après la prise de misoprostol. Si tu ne la fais pas, tu peux aussi faire un test de grossesse quatre semaines après la prise, pour t’assurer que tu n’es plus enceint·e. Dans les 5 % de cas où le misoprostol n’a pas fait correctement effet, la grossesse a continué normalement (1 % des cas) ou tout le fœtus n’a pas été expulsé (4 % des cas), et il faut faire un curetage (avortement chirurgical).
Tu peux retomber enceint·e directement après un avortement, donc n’oublie pas d’utiliser des préservatifs ou toute autre forme de contraception qui te convient. Et surtout, n’oublie pas que personne n’a le droit de te faire culpabiliser pour avoir recouru à un avortement, pour quelque raison que ce soit.
Atelier d’auto-observation en ligne
Nous vous proposons un atelier d’auto-observation en ligne le mercredi 25 novembre de 18h30 à 21h. Retrouvez toutes les infos sur notre site.
Podcasts
L'actrice Delphine Seyrig participe à une manifestation de femmes à Paris à l'appel du MLF en novembre 1971 © Aimé Dartus/INA
🎧 Nos corps qui jasent : le premier podcast du collectif Les Jaseuses a été réalisé pendant le confinement au printemps dernier et il permet d’évoquer le rapport à son corps. Les Jaseuses est un groupe de jeunes chercheur.se.s dont les travaux se font à partir de corpus féminins et queer. Suivez leur activité ici !
🎧 Delphine Seyrig : vie, vidéo et combat : Dans ce documentaire sur la fabuleuse actrice et militante (bien qu’elle réfute le terme), Lila Boses et Lou Quevauvillers reviennent sur sa vie et son œuvre. Quel rapport entre l’actrice de Peau d’âne et la gynécologie ? C’est dans l’appartement de Delphine Seyrig que se déroule en toute clandestinité une des premières démonstrations de l’avortement par aspiration en France.
🎧 Au-delà du clitoris : Pour LSD, la série documentaire Nedjma Bouakra revient sur France Culture sur l’histoire et la place du clitoris. Elle offre un panorama complet sur le sujet.
🎧 Les enfants vont bien : Dans ce podcast, Constance va à la rencontre de familles homoparentales pour évoquer le parcours de chacun et chacune pour faire famille. L’occasion de découvrir ou d’approfondir ses connaissances sur les possibilités de conception quand on n’est pas dans un couple cis-hétéro et d’entendre des récits de vie qui nous ressemblent, ou pas !